Quand, en février, la neige couvre les hauteurs de la montagne Noire, le mimosa fleurit dans la vallée. Entre influences atlantiques et méditerranéennes, le cœur du Parc balance…
La montagne Noire… C’est sans doute parce que sa masse se dresse brutalement, sombre et boisée entre la plaine de Langeais et celle de Carcassonne qu’elle porte ce nom. Elle est le rempart sur lequel se déversent les dernières gouttes de pluie venues de l’Océan et celui qui barre la route du vent d’autan, quand il est lourdement chargé des pluies méditerranéennes.
C’est l’ingénieur Pierre-Paul de Riquet qui a compris le premier, vers 1660, le parti que l’on pouvait tirer de cette situation fort arrosée : s’en servir pour alimenter un futur canal destiné à rejoindre la Garonne. Il rendait ainsi possible la navigation fluviale entre les deux mers.
Déjà Richelieu puis Colbert s’étaient creusé la tête en vain : comment faire franchir aux eaux du canal le seuil de Naurouze, qui est le point le plus élevé du parcours ? Pierre-Paul de Riquet eut l’idée de génie et la volonté de réaliser les immenses travaux nécessaires : capter les eaux de la montagne Noire à l’est, les basculer sur le versant ouest, et les conduire, par une rigole, au point le plus haut pour alimenter en permanence le canal et ses écluses. Aujourd’hui plus de trois siècles après, le système fonctionne encore. La découvrir est prétexte à des randonnées agréables et à des visites passionnantes.
La rigole, ce ruisseau construit et pavé, serpente en sous-bois, longé par un magnifique petit chemin. Il passe sous le village des Camazes et s’en va rejoindre le bassin de stockage de Saint-Ferréol. Les installations de ce qui fut pendant longtemps le plus grand barrage du monde, se visitent ainsi qu’un petit musée passionnant. En contrebas, un ingénieux dispositif hydraulique fait jaillir une gerbe d’eau à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. En été, on se baigne, on randonne et on déguste des écrevisses et des cèpes…
Plus au nord, surplombant la vallée textile de Mazamet, le plateau du Sidobre possède des amas de blocs granitiques uniques au monde. Si plus personne ne croit à un déluge de pierres, on reste étonné devant ce caprice de la nature. Un peu partout, l’érosion a dégagé des blocs arrondis qui parsèment le paysage et s’unissent à la forêt.
Renommée oblige, il faut faire une visite à la Peyro Clabado, une star de granite de 800 tonnes en équilibre apparemment incertain. Si vous êtes à la recherche de l’âme sœur, profitez-en pour suivre la tradition et essayez de percher une pierre à son sommet. Si vous réussissez du premier coup, tout espoir n’est pas perdu !
Prenez ensuite le temps de parcourir le sentier qui part de la sympathique auberge de Crémaussel, près de Lacrouzette…Vous découvrirez quelques autres géants de pierre dans l’environnement romantique d’une forêt profonde.
À découvrir :
- Le »pailhé » du Prat-d’Alaric. À un kilomètre du Fraysse-sur-Agout, la ferme du Prat-d’Alaric est un exemple remarquable des fermes du plateau de l’Espinousse. Le climat rude et la pauvreté des terres n’ont pas permis à l’homme d' »artificialiser » cette région fortement boisée. Une habitation traditionnelle a été sauvée et présente, à côté de la ferme, une grange couverte de genêts à balai: « le pailhé ». Il mesure près de 40 m de long et possède des caractéristiques de construction qui passionneront les amateurs d’architecture rurale.
- Le jardin méditerranéen. Situé à Roquebrun, au pied des monts de l’Espinousse, dans la partie méridionale du Parc, ce jardin rassemble une exceptionnelle collection de cactus du monde entier. Plus au nord, le paysage devient montagneux: les gorges d’Héric, entaillent le massif qui s’élève jusqu’à 1 100 m. C’est le domaine des mouflons.
- La grotte de la Dévèze.
À Courniou, près de Saint-Pons, se trouve l’une des plus belles grottes de France. On l’appelle « le palais de la fileuse de verre » en raison de ses concrétions d’aragonite et de leur finesse. À côté, le musée français de la Spéléologie rassemble la plus importante collection liée à la conquête des espaces souterrains. Quant au gouffre de Cabrespine, il pourrait engloutir la tour Eiffel ! - À goûter
Vinifiés sur les coteaux schisteux au pied du Carroux, les vins de Saint-Chinian et de Faugères sont réputés à juste titre. À déguster avec l’un des excellents chapons élevés au Cros de la Géline à Arfons. Poulets, poulardes et chapons de race géline blanche sont élevés au grain et préparés sur place. Sans les monts de Lacaune, sont fabriquées des charcuteries réputées.