Forêt des temps modernes, les Landes offrent au promeneur un univers de senteurs et de couleurs propres à l’enchantement. La légère dénivellation favorise le cyclotourisme. Et en canoë, on peut aller jusqu’au bassin d’Arcachon.
C’est la plus grande forêt de France, et pourtant elle est absolument artificielle.
Il y a cent cinquante ans, à la place des pins maritimes , s’étendaient de vastes étendues semi-arides faites d’une alternance de terrains sableux et de marécages, tout juste bons à pratiquer l’élevage transhumant de moutons. A l’époque, la silhouette du berger vêtu de son gilet en peau de mouton et perché sur ses hautes échasses était familière. Aujourd’hui,elle appartient au domaine du folklore.
De ce passé, les Landes de Gascogne n’ont gardé que le nom et puis le souvenir, grâce à un autodidacte hors du commun, Félix Arnaudin, né à Labouheyre, en 1844. Bercé toute son enfance par les récits des bergers et , voyant son univers se transformer sous l’impulsion du boisement systématique en pins maritimes donnés par Napoléon III, il a voué sa vie à préserver la mémoire de sa terre natale.
Quand l’utile devient agréable :
Parcourant la région à bicyclette, un appareil photographique en bandoulière et un carnet de croquis dans sa sacoche, Félix Arnaudin engrange tout ce qu’il peut des paysages, souvenirs, récits, chants, coutumes… Il meurt en 1921, en laissant un Mémorial considérable, dont 2 573 clichés.
Entre-temps, la lande est devenue « la pignada ». Un alignement de troncs roux et élancés , coiffés d’aiguilles vertes , semblent faire écho l’océan qui lui fait face. Au roulement des vagues bleues sur le sable répond le balancement des pins dans le vent.
A l’époque, le but de la plantation n’était pas écologique : il s’agissait plutôt d’aider la révolution industrielle de la France. Les pins fournissaient des traverses de chemin de fer, des poteaux télégraphiques, des poteaux de mines ou encore de la pâte à papier. Mais le miracle de la nature a fait que cette forêt des temps modernes, conçue dans un esprit de rentabilité, a su générer un écosystème particulier. Elle crée pour le promeneur aujourd’hui un univers de senteurs, de couleurs et de paysages propres à l’enchantement.
Le Parc naturel régional des Landes de Gascogne a la particularité de s’étendre de la source à l’embouchure de deux rivières discrètes, qui mêlent leurs eaux de rouille, avant de rejoindre l’océan dans le bassin d’Arcachon. Et pour mieux semer le trouble, la Grande et la Petite Leyre deviennent l’Eyre après avoir uni leur cours. C’est dire si elles ont le goût du secret.
D’ailleurs, elles se cachent loin des grandes routes , depuis que les flotteurs de bois ont perdu l’habitude de pousser leurs billes au gré du courant. Aujourd’hui, seules des flottilles de canoës multicolores viennent égayer les frondaisons légères , où chênes rabougris, fougères ciselées et houx robustes s’associent aux pins maritimes.
Mai le couvert végétal de la forêt recèle encore d’autres trésors cachés.De discrètes chapelles romanes où des fontaines miraculeuses offrent autant d’étapes aux pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle qui, depuis le XIème siècle, choisissent cette voie, la plus occidentale.
Dans le cimetière de Belin, qui entoure l’église romane de Saint-Pierre-de-Mons, auraient été enterrés les compagnons d’armes de Roland tués à Roncevaux. Au pied de la motte féodale, une stèle évoque Aliénor d’Aquitaine, qui serait née dans ce château aujourd’hui disparu. A Mons, la fontaine Saint-Clair était réputée pour soigner les yeux et, au Muret, la statue de Saint Roch vêtu en pèlerin apportait un encouragement aux fidèles…
Aujourd’hui, les voyageurs ne portent plus la symbolique coquille mais, équipés de VTT ou parcourant les sentiers balisés et es pistes cyclables, ils viennent s’immerger dans la forêt. A bicyclette, il faut compter 4 ou 5 jours pour parcourir les 330 kilomètres de routes tranquilles qui permettent de faire le tour du Parc. En raison de peu de dénivellation, la région est idéale pour le cyclotourisme.
A l’endroit où les pins rencontrent la mer :
De la même manière que l’ Eyre vient se jeter dans le bassin d’Arcachon, une balade dans le Parc, peut se terminer dans cette baie inondée d’une incomparable lumière. Cette lagune peu profonde vit au rythme du flux et du reflux des marées, couvrant et découvrant des bancs de sable blond. Là, les pins et la mer se rejoignent, les eaux douces se mêlent aux eaux salées, réunissant toutes les conditions favorables à l’accueil des oiseaux migrateurs. Environ 280 espèces d’oiseaux font halte dans le Parc ornithologique du Teich, dont 80 nichent sur place : canards, passereaux, busards, aigrettes, hérons, mésanges… peuvent être observés le long du sentier, jalonné d’observatoires, aménagé par le Parc.
Le regard embrasse l’horizon, où le ciel et la mer se rejoignent…
Descendre la Leyre en canoë est à la portée de beaucoup de monde>:
- Son cours placide ne réserve aucune mauvaise surprise. L’eau est bonne, propice à la baignade et le parcours, jamais monotone. Mieux vaut téléphoner pour réserver son, ou ses, canoës. Le départ d’une excursion à la journée se fait en général depuis la base d’aval, le prestataire fournit le matériel et conduit les participant sen amont, au point de départ. Il existe dix bases de départ au fil de la Grande Leyre et de l’Eyre . Prévoir des vêtements de coton, short et T-shirt, un maillot de bain, un vêtement de pluie léger, type K-Way, des chaussures de toile pouvant aller dans l’eau un appareil photo, de la crème solaire et un produit anti moustiques.
- Pour une navigation de plusieurs jours, il existe des campings et des gîtes le long de la rivière. Le camping sauvage est strictement interdit.
A goûter :
- Foie gras, confit, magret, grattons…le canard gras est, bien sûr , à l’honneur, gavé du maïs produit dans les Landes.
- Un plat très raffiné, le salmis de palombes , dont on trouve d’excellentes conserves.
- La charcuterie artisanale : jambons crus de Bayonne.
- Sur le bassin d’Arcachon, on trouve évidemment des huîtres mais aussi des moules, des coques et des palourdes.
- Pas de fromages et peu de desserts, sinon la croustade, une pâte feuilletée très légère, garnie de pommes.
- Pour les vins, tous les choix sont possibles, Bordeaux est si proche.
- L’entre-deux-mers, un vin blanc sec et fruité accompagnera très bien les poissons ou un plateau de fruits de mer.
- Un liquoreux servi frais honorera un foie gras : si le sauternes est trop cher, il faut chercher du côté des loupiac, sainte-croix-du-mont ou cadillac, qui savent tenir leur rang.
- Pour le vin rouge, on pourra s’intéresser au madiran ou au coteaux-de-chalosse , de petites appellations régionales qui savent se révéler savoureuses.
- Enfin, l’armagnac, distillé par les Gascons depuis des siècles, en peut être oublié.